A la recherche de la recherche (communiqué du Sgen-CFDT EPST)
Par sgen a l'uvhc • 18 fév, 2013 • Catégorie: Actualités, Communqué de presse, Infos nationales •Alors que les débats et les échanges se multiplient pour élaborer le projet de Loi qui va restructurer l’enseignement supérieur, le Sgen CFDT recherche EPST tient à réaffirmer quelques points essentiels qui risquent d’être négligés dans le débat.
La place et l’avenir des EPST
Le projet de Loi se focalise légitimement sur les universités. Rien ou presque n’y est dit sur la place des EPST dans l’organisation globale de la recherche. Pourtant, les questionnements se pressent, après tant d’années difficiles. Nous devons en finir avec la politique d’ « agence de moyens » au service des Universités comme le voulait le gouvernement précédent. Il est temps de nouer des relations constructives et équilibrées entre partenaires responsables. Les alliances sont-elles encore nécessaires ? Le découpage du CNRS en dix instituts plus ou moins nationaux a-t-il encore un sens, alors que la nécessaire interdisciplinarité a pâti de cette “réforme” idéologique ? Veut-on poursuivre la politique de délégation globale de gestion, en déshabillant Pierre pour mal habiller Paul ? Il n’y aura pas de collaboration efficace entre Universités réformées et Organismes de recherche si leurs rôles respectifs et leurs attributions ne sont pas clairement affirmés par leur tutelle commune. Il est nécessaire que les EPST retrouvent les rôles d’animateurs de la politique de recherche nationale et d’opérateurs de recherche pour lesquels ils ont été créés. Un plan pluriannuel de recrutement de personnels titulaires, et notamment de jeunes chercheur(e)s, est une priorité absolue.
L’évaluation
Pour les unités de recherche, elle n’est pas, comme on a voulu nous le faire croire avec l’AERES, un outil d’aide à la décision basé sur des critères quantitatifs et des visées stratégiques. L’apport essentiel de l’évaluation est d’aider des collectifs de travail à faire le point et à affirmer un cap, sous le regard attentif, exigeant et constructif de collègues et de pairs. Il est temps de mettre un terme au gaspillage de temps et d’argent auquel a inexorablement conduit la mise en place de l’AERES. Nous réaffirmons l’absolue nécessité de croiser évaluation des laboratoires et équipes avec celle des personnels (chercheurs bien sûr, mais également IT). L’évaluation des personnels doit se faire dans le même esprit de réflexion critique et porteuse d’avenir ; elle ne doit pas être confondue avec les examens et concours qui sont les étapes du parcours professionnel.
La précarité dans l’enseignement supérieur et la recherche
Dans notre secteur, la mise en œuvre de la Loi Sauvadet se heurte à des difficultés bien repérées, et qui doivent trouver une issue positive et rapide. Ce ne sera pas suffisant pour diminuer durablement l’emploi précaire. Un plan pluriannuel d’emploi doit être élaboré, qui donne des perspectives claires aux acteurs du secteur comme aux jeunes qui veulent s’y destiner. Il doit être ambitieux, si l’on veut être ambitieux pour l’ESR. Mais il faut surtout que l’Etat devienne enfin un employeur respectant ses propres lois, en proscrivant fermement les manœuvres et dérives innombrables qui enrôlent dans nos établissements des milliers de travailleurs de l’ombre : « vacataires permanents », crédits détournés, CDD illicites, embauches répétées 10 mois par an, etc. Le cas des “A+” (ingénieurs de recherche, chercheurs) doit être résolu, celui des agents ayant connu plusieurs employeurs publics aussi. Un financement du coût de ces mesures peut être trouvé dans des ponctions plus élevées sur les contrats, notamment ANR, grand pourvoyeurs de CDD dans l’ESR.
La réorganisation des financements
Rien ne se fera de sérieux sans une réelle réorganisation des financements. Une programmation budgétaire claire et volontariste est nécessaire. Elle ne sera pas suffisante. Il faut d’urgence diminuer le financement par projet, pour augmenter le soutien pérenne aux UMR. Il faut aussi porter un regard beaucoup plus attentif sur l’utilisation du Crédit Impôt Recherche, en formalisant des exigences sur ses finalités comme ses modalités d’usage (association avec des équipes publiques par exemple). L’attribution du CIR devrait être liée à l’embauche de jeunes chercheur(e)s; outre la création d’emploi pour nos docteur(e)s, c’est un moyen privilégié de faire interagir recherche et entreprises, de faciliter les transferts et l’innovation.
L’enjeu démocratique
Nous voulons passer d’un modèle dit d’excellence basé sur la compétition entre structures et personnels à un modèle efficace par la coopération entre les différents acteurs de la Recherche Publique. Nous voulons que celle-ci retrouve la notion de service public à destination de la Société et de ses citoyens. Le projet de Loi envisage des modifications substantielles des modalités de représentation des différents acteurs du secteur dans les instances dirigeantes. Il faut aller au bout de cette logique et de cette audace. Tous les acteurs (y compris les BIATSS, ITA et étudiants) y doivent être présents dans les instances décisives. La généralisation de la représentation proportionnelle au sein des différents collèges est le seul choix qui puisse conduire à la légitimité des instances et à l’implication de tous dans l’effort et dans le projet que propose le Ministère.
Ces quelques points ne couvrent pas exhaustivement les enjeux de la réforme en cours, mais le Sgen CFDT Recherche EPST affirme clairement qu’ils sont des jalons essentiels dans la reconstruction d’une recherche dynamique et efficace, celle que nous désirons tous.
SGEN-CFDT Bât I – BP n°8 – 94801 Villejuif Cedex – Tél 01 49 58 36 02
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