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Nous en reprenons le dernier article:

Rentrée universitaire: Fatigue et Inquiétude

Le Sgen-CFDT a soutenu la loi sur l’enseignement supérieur et la recherche de juillet 2013 parce qu’il fallait relever les défis de la démocratisation de l’accès aux études post bac et celle des instances des établissements. Mais le Sgen-CFDT avait dit alors qu’il serait d’autant plus vigilant sur sa mise en œuvre et sur les moyens réels donnés aux établissements pour qu’ils puissent, en respectant les conditions de travail des personnels, opérer les changements nécessaires. Un an après le vote de la loi, quel bilan peut-on tirer ? A l’occasion de cette rentrée universitaire, les sentiments dominants sont l’inquiétude et, déjà, la fatigue.
La fatigue, car les établissements, à peine remis des réorganisations imposées par les responsabilités et compétences élargies (RCE), ont dû mettre en œuvre simultanément des chantiers multiples : refonte des statuts des établissements, mise en place des COMUE, passage au LMD3, mise en place des ESPE et des masters MEEF, et maintenant réforme du recrutement des enseignants chercheurs. Les délais toujours plus courts imposés par l’État contraignent les équipes à travailler dans l’urgence, trop souvent aux dépens d’une réelle concertation au sein des établissements, alors que celle-ci est indispensable pour que les transformations de l’enseignement supérieur soient une réussite dans la durée.

L’inquiétude, aussi, car la situation budgétaire de nombreux établissements reste très fragile. Les RCE, loin de donner aux établissements les marges de manœuvre dont ils avaient besoin, ont été un vaste transfert de charges pas toutes compensées par l’État. Le glissement vieillesse technicité (GVT), mal anticipé, étrangle, année après année, les budgets universitaires. Dans ce contexte, l’obsession de la “masse salariale” tend à remplacer toute politique de ressources humaines. Les conséquences sont graves pour les personnels mais aussi pour les ambitions en terme de recherche et de transmission du savoir. Ainsi, les gels de postes, fermetures d’options ou de parcours se multiplient. Alors que les ressources réelles des universités stagnent, les exigences de la tutelle augmentent : l’augmentation du volume horaire en licence, par exemple, n’a fait l’objet d’aucune dotation supplémentaire. À plus long terme, l’ambition gouvernementale de 50% d’une classe d’âge au niveau licence, combinée à l’arrivée prévisible de classes pleines au niveau post-bac, ne pourra qu’aggraver la pression sur le système, alors que, malgré tous leurs efforts, nos collègues peinent déjà à accueillir leurs étudiants dans des conditions acceptables.
Le Sgen-CFDT demande donc à l’État de prendre ses responsabilités. Les contraintes nouvelles doivent être réellement financées, au delà d’effets d’annonce qui ne font qu’accroître les frustrations. Des mesures d’urgence doivent être prises pour rétablir les équilibres financiers dans les établissements et les asseoir solidement dans le temps. Le dialogue social et la démocratie universitaire doivent être revitalisés, au niveau national comme dans les établissements : c’est ainsi seulement que l’autonomie des universités prendra son sens et leur permettra de répondre au défi de la démocratisation et aux attentes de la société.